Salut à tous,
Voici mon compte rendu de la mb race.
Après deux participations en 2017 et en 2018, je suis revenu sur la MB Race ce weekend. Toujours dans l'objectif d’être finisher de ce format de course hors norme. Cette année, la course célébrait sa 10ème édition et on était 1350 au départ sur l'ultra longue distance. Qui dit longue distance dit longue journée et j'ai maintenant 16 heures et 7 minutes de vélo à vous raconter.
Retour sur ma plus longue journée de vélo.
La MB Race en bref
J'ai découvert cette course en décembre 2016 en lisant un article de Vojomag.com. Depuis ce jour j'ai commencé à rêver d’être finisher de cette course hors norme.
La MB c'est la course la plus difficile du monde : 140 km et 7000 mètres de dénivelé positif.
La course depuis deux ans fait partie du calendrier des manches de coupe du monde et attire de plus en plus les pilotes pro et semi-pro.
La réputation de la course est encrée et les concurrents sont nombreux à revenir pour une nouvelle tentative après avoir dû s’arrêter aux 70 ou 100km. Le principe est toujours le même, tout le monde s’élance en même temps au départ à 6h00 et choisi de continuer ou non après 70 et 100km, pour finalement boucler les 140km et 7000m de dénivelé.
Préparation de la course
Depuis janvier 2019 j'ai suivi un plan d'entrainement avec mon "coach" Valentin du VC Corbas. J’ai parcouru 6000 kms et grimpé 70 000 mètres de dénivelé et j'ai fait une 10aine de jours de course.
A M-1 j'ai participé au MB camp, un stage organisé par la course pour participer aux reconnaissances du 140km. Stage génialissime encadré par Antoine et Hippolyte du Team MB race.
A S-2 j'ai fait entièrement réviser le VTT par le magasin Culture Vélo Lyon Est. Préparation et révision du bike au top !
A J-1 direction Combloux la voiture chargée. Je suis avec mon père et Benjamin, un de mes meilleurs amis qui est venu pour faire l'assistance de course. Arrivé au camping, on a planté les tentes et on a planifié les points essentiels pour l’assistance de course, briefing de course à 18h puis repas sportif et dodo.
Ma plus longue journée
Samedi 6 juillet 2019, le réveil sonne à 4h00. Je me prépare pour rejoindre la ligne de départ vers 5h30. Je suis dans le sas départ numéro 2 juste derrière les élites. Je discute avec Arnaud du Mb camp qui est à côté de moi en attendant le départ. Benjamin me retrouve sur la ligne, il me donne un bidon plein et récupère ma thermique. Il est 6h, le départ est donné !
Dans les 2 premières heures de course je roule au train, sur un bon rythme, je passe la première ascension de la journée, le Col du Jaillet à 1720m d'altitude et j'effectue la descente avec prudence. Passage de bidon éclair à La Giettaz (km30) puis de nouveau une pause crème solaire au km 40 à Flumet. Je récupère mon Camelbak pour la suite car le soleil commence à taper et il fait de plus en plus chaud. On monte à la Tête de Torraz (1930m d'altitude) c'est le plus gros morceau du 70km. L'ascension est longue de 10km avec 1100m de dénivelé positif. En haut on enchaîne les raidars sur une belle piste en bord des crêtes. Je croise Benjamin au Parking des Frasses (km56) et je repars pour 10km de descente vers Combloux.
Il est 12h15 et j'arrive au passage du 70km. Je réalise ma première grosse pause (20 min) assis au sol, mon estomac commence à saturer du sucré et je ne peux plus avaler mes barres de céréale. Je me contente de manger un peu de salé avec des tucs et du saucisson.
Je repars sur le parcours avec l'objectif du 100km avant la barrière horaire qui est à 16h30.
NB, j'ai 1h30 d'avance sur mon temps de l'année dernière, ce qui me rassure.
Au 85ème km, je me pose au ravito, nouveau remplissage du camelbak et du bidon. Les bénévoles tenaient un barbecue sur le ravito et malgré mon estomac en vrac j'ai dégusté une merguez. A ce moment je retrouve Jérémy, un ami de compétition. Lui aussi est fatigué, on se remotive et on repart pour une nouvelle ascension du Mont Joux (1960m d'altitude). On roule encore ensemble dans la descente et il m'attend un peu, à deux on est plus fort.
On arrive roue dans la roue au 100km, il est 15h40. On a 50min d'avance sur la barrière horaire, on s'engage sur le 140km mais avant on marque une pause.
Il est environ 16h quand on quitte Megève, mon père a nettoyé et re-graissé ma transmission, je me suis forcé à manger 3 tucs et je suis déjà reparti sur le vélo. On s'engage pour 1h30 d’ascension jusqu'au sommet de Ban Rouge. Je n'arrive toujours pas à manger, je tiens juste en buvant une à deux gorgées d'eau toute les 2 à 3 minutes. La monté vers Ban Rouge est un calvaire mais à deux on discute, on s'encourage et on arrive enfin en haut. On fait une photo en haut et on commence la descente. C'est Jeremy qui fait les descentes en premier. Stratégie gagnante, il est plus lucide que moi et il est meilleur descendeur, je ne me pose pas de question je prends les mêmes trajectoires et je ne le perds pas de vue. On arrive à Praz sur Arly. Je suis à bout de force, je commence à regretter de m’être lancé sur le 140km, A ce moment-là, je rêve tellement d'un bon burger, mais même la simple tranche de saucisson ne passe pas, j'en suis écœuré. Je repars avec Jeremy, mais au bout d'une 30 aine de minutes on se sépare, je n'arrive plus à avancer contrairement à lui. Je pousse le vélo. C'est long et 1/3 sera réalisé en marchant, plus de jus, rincé. Impossible de rouler dans les grosses pentes. Penser aux entraînements, à Papa et Benjamin qui m’attendent, aux amis, au club etc…
J’arrive en haut du Plan de l'Aar et je retrouve le chemin de crête du 70km, on repasse les mêmes bosses raides j'avance les pieds en bec de canard tous en poussant le vélo à bout de bras tellement la pente est raide. Je reprends la descente de la fin du 70km pour arriver au parking des Frasses à 21h (km130). C'est le dernier ravito, et mon père arrive avec un sac Mc Do encore tiède.
J'en ai l'eau a la bouche, je suis sec, j'ai plus d’énergie et ce burger me rend fou ! deux crocs, trois crocs et je cale. Je n’arrive toujours pas à manger... Je mets ma lampe sur le cintre et je repars pour les 10 derniers km. Il me reste 300 mètres de dénivelé positif et 900 mètres de dénivelé négatif.
Il est 22h07, j'ai franchi la ligne d'arrivée. Je suis finisher !
Je reçois la médaille, le t-shirt et une chope de bière, j’échange deux mots avec le speaker. Je suis incapable de tenir une conversation, ce qui fait bien rire tout le public.
Classement
Je termine 240ème sur 1350 au départ.Je suis 6ème dans ma catégorie espoir.
Temps de course : 16h et 7 minutes
Mes temps aux points de passage sont sur la plateforme du site live trail https://mbrace.livetrail.net/coureur.php
Ma conclusion
J'ai clairement dépassé mes limites pour terminer cette course. Malgré une préparation au top, la fin de course est identique pour tout le monde, on a mal partout et c'est dans la tête que ça se joue.
Sur cette course les conditions météos peuvent rapidement transformer la course en chantier, comme cette année avec la chaleur. Pour moi, le simple fait d’être finisher est une véritable victoire.
Je suis très reconnaissant envers mon père et Benjamin car sans assistance de course je ne serais pas allé au-delà du 100km.
Malgré mes problèmes d'estomac, j'ai bu tout au long de la journée.
Pour info, Benjamin a rempli 10 bidons (550ml) et 7 camelbaks (1.5 litres) soit une quantité en eau de 16 litres pour 16 heures en théorie. En pratique je n’ai pas fini tous mes bidons donc je suis plus autour des 12-13 litres d'eau.
J’en ai fini avec ce compte rendu qui est proportionnel en longueur à la durée de la course.
Un dernier mot pour remercier toutes celles et ceux qui m'ont suivi et encouragé pendant cette longue journée. Merci !
Mon album photo : https://photos.app.goo.gl/YKtxpUyGyDKTmequ7
Vidéo relive : https://www.relive.cc/view/2510941124
Strava : https://www.strava.com/activities/2510941124
Sportivement
Ludovic